Zombie Zombie en concert en France, dates et biographie | Radical Production
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Zombie Zombie

Ça devait arriver. Ils sont allés trop loin. A force de digger à rebours dans les bacs italo-disco, ils ont fini par remonter jusqu'à l'antiquité. Résultat, ça chante en latin. Pas le latin de cuisine de l'abominable Era, non non, du bon vieux latin des familles, qu'ils sont allés pomper chez Erasme, en débauchant une néo-latiniste pour séquencer ses adages proprement.

Ça chante en latin, donc, et ça chante beaucoup. Jusqu'ici Zombie Zombie poussait la chansonnette pour des reprises d’Iggy Pop ou Sun Ra. Là, ils ont construit de longues progressions harmoniques, dans lesquelles se promènent Angèle Chemin, soprano rompue au contemporain barré, et Laura Etchegoyhen, couteau suisse d'origine basque. Leur nouveau label Born Bad Records n'a pas signé de partenariat avec la ligue de préservation des langues anciennes, alors on leur a posé la question : pourquoi ? "Envie de rester mystérieux, de passer des messages cryptiques, de se replonger dans une langue d’un autre temps, comme les moines copistes du Moyen Age". Et à la manière de leurs ancêtres encapuchés, ils font ce qu'ils veulent avec les textes, et rajoutent des enluminures porno dans les coins, pour qui sait écouter de près.

Zombie Zombie a 15 ans, soit 90 piges en années-de-groupe (multiplier par 6 : plus qu'un chat, moins qu'un chien). Ça aurait été assez pour poser leur cul sur le transat de l'actualité musicale. Mais non : ils se lâchent dans une orgie doom grasse et réverbérée. Les chœurs lorgnent du côté des arrangements de Ennio Morricone, avec des syllabes scandées qu'ils dispersent suprêmement rallentato sur plusieurs titres (Lacrymosa, Consortium).

Vae Vobis c'est pas la fête du banger à 122 bpm, même si on attend de voir ce qu’un DJ fera de Nusquam et Ubique avec une foule ivre en toge tie-and-dye. C'est un album homogène, dans lequel chaque track est un faux-ami. Ring Modulus, par exemple, qui, sous sa structure carrée, abrite des saillies en « technique vocale étendue ». Ou Aurora, joyau mégalo taillé pour ouvrir les jeux du cirque, où les cuivres du Dr Schönberg et de Etienne Jaumet se la jouent peplum.

Album de rupture après plus de dix ans chez Versatile Records ? Peu importe : on y retrouve tout ce qu'on aime dans Zombie Zombie, à commencer par leur savoir-faire musical. On a cru qu'ils avaient embauché un bassiste sur Erebus, et non, c'est encore et toujours du synthé (SH-101). Les vocoders omniprésents sont poussés dans leurs retranchements. Sax, trompette et percus viennent colorer encore un peu plus cet album tout fou dont la pochette apocalyptique et sereine est signée Druillet / Avramoglou.

On savait que la synthèse des goûts musicaux du trio couvrait 95% des styles répértoriés par Discogs. Donc on n’est pas surpris d'apprendre que la référence black metal / doom est assumée : "on s'était retrouvés à jouer dans un festival de black metal en Californie, où l'on était les seuls blanc-becs sans tatouages ni cheveux longs ni perfectos, mais nous on reste dans un rituel complètement païen". Ils n'ont emprunté au genre que ce qu'ils ont bien voulu garder, avec un regard oblique, comme dirait Etienne Jaumet.

On est prévenus : ce disque peut contenir des traces de doom. Pour autant, il ne faut pas s'attendre à des singeries scéniques en robes de bure. On a dit "prenez cet album au sérieux", pas "entrée gratos sur présentation d'un bouc décapité". Chaque morceau est une plateforme pour de grosses envolées lyriques. On entrevoit bien la tuerie à la fin de War is coming, mixé dans le rouge brique par Laurent de Boisgisson au studio One two Pass it, à Bagnolet. Ça bat au fin fond du temps, dans des morceaux plutôt courts qui devraient s'épanouir sur scène (en espérant que les salles leur permettent de faire venir les brillantes choristes).

Vae Vobis, mort à vous, Vae Victis, mort aux vaincus. Les sans-dents qui n’ont pas su traverser la route pour trouver du boulot ? Non, "un sort jeté" aux dominants. Dans la langue de l'Empire, ça paraît cohérent. Consortium te amat, veni ad Consortium : le consortium t'aime, viens à lui. On a bien envie de prendre sa carte de membre.

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