Un grondement à l’horizon. Des dents serrées, un pétillement nucléaire, un rock fissuré. Un peu de poudre explosive avant l’explosion : l’éclatement des atomes, le verre de pinte qui se brise – l’orage qui se déchaîne rompant l’inertie d’une vie de village anglais. Vêtus de t-shirts scandant « socialisme » et armés de batteries, de synthés et de regards glacés, voici Working Men’s Club. Leur premier album, qui porte leur nom, est disponible le depuis 2 octobre 2020 sur Heavenly / [PIAS].
Working Men’s Club s’appelle ainsi en hommage à la salle que gérait la communauté locale du chanteur, Sydney Minsky-Sargeant (19 ans), et qui avait déjà ses faveurs alors qu’il n’avait pas encore l’âge d’y entrer. C’est chez lui, dans la ville de Todmorden dans le West Yorkshire, alors qu’il s’y sentait enfermé, que Syd a commencé à assembler les dix chansons qui composent le premier album du groupe. Il se souvient : « Il n’y a pas grand-chose à y faire quand on est adolescent. La ville est plutôt isolée. Et ça peut devenir assez déprimant d’habiter dans un endroit où, en hiver, il fait jour à 9h et nuit à 16h. »
L’album éponyme de Working Men’s Club est un pur produit du territoire britannique, issu tant de l’agitation de la Calder Valley que de la dureté de Sheffield, puisque que c’est le long de la chaîne montagneuse des Pennines que le son féroce électronique que l’on connaît aux Working Men’s Club s’est forgé sous le regard – et surtout l’oreille – du producteur Ross Orton (The Fall, M.I.A, Arctic Monkeys). Les guitares déchaînées, les beats furieux et les synthés que l’on confondrait avec de la batterie et qui définisse les démos électrisantes de Sydney Minsky-Sargeant ont été magnifiées par la production aiguisée et sensible d’Orton.
Entre début 2019 et début 2020 seulement, Working Men’s Club a parcouru plus de chemin que la plupart des groupes en une vie. En l’espace d’un an, le groupe a en effet perdu deux de ses membres originaux, en a gagné trois nouveaux, et a vu les célèbres Fat White Family le prendre sous leurs ailes. Leurs deux premiers singles ont été acclamés par la critique au Royaume-Uni comme en France, et leurs tournées aux côtés de Fat White Family, Mac DeMarco et Bodega ainsi que leurs propres dates à guichets fermés ont rencontré un franc succès alors que l’album n’était même pas encore sorti. Pandémie oblige, le groupe a dû patienter avant de reprendre la route.