The Tallest Man On Earth
Kristian Matsson n'est jamais resté très longtemps au même endroit. Après avoir passé une grande partie de la dernière décennie à tourner dans le monde entier sous le nom de The Tallest Man on Earth, Matsson a captivé le public en utilisant, comme le décrit le New York Times, « chaque centimètre de son long manche de guitare pour parcourir la scène : il s'agite, s'accroupit, s'étire, se déhanche, se perche brièvement et s'en va en sautillant... M. Matsson est un guitariste enraciné dans le folk, et ses chansons sont des ballades de troubadour dans l'âme ».
Puis, en 2020, Matsson a quitté New York pour retourner dans sa ferme en Suède. Là, pendant cette période d'isolement calme et morne, il a noyé ses pensées en faisant pousser des légumes dans son jardin. Lorsqu'il a essayé d'écrire à nouveau, pendant ces nombreux mois de solitude collective forcée, « je me suis juste retrouvé à commenter l'obscurité », dit Matsson. « J'ai perdu mon imagination. » En jouant sur scène, la musique et l'inspiration sont revenues vers fin 2021, et sa production est devenue moins prioritaire. « Quand je suis en mouvement, je peux me concentrer sur mon instinct, avoir à nouveau mes rêveries. Quand j'ai enfin pu repartir en tournée, je me suis mis à écrire comme un fou. » Il a finalement eu vingt chansons qu'il voulait enregistrer en dix jours.
Aujourd'hui, Matsson revient en tant que The Tallest Man on Earth avec Henry St., son sixième album studio qui fait suite à There's No Leaving Now (2012), qui était plein « d'images vives, de tournures de phrases intelligentes et d'observations dévastatrices et lasses du monde » (Under The Radar), Dark Bird Is A Home (2015), son « disque le plus personnel... surréaliste et onirique » (Pitchfork) et l’auto-produit I Love You, It’s a Fever Dream sorti en 2019. Henry St., qui paraîtra le 14 avril 2023 chez ANTI- est la première fois qu'il enregistre un album avec un groupe. « Toute ma carrière, j'ai été du genre Do It Yourself - principalement parce que j’avais le sentiment que je ne savais pas ce que je faisais, alors je faisais tout moi-même. » Cette fois, ressentant le besoin de l’énergie que seul un collectif peut générer, Matsson décida d’inviter ses amis à le rejoindre en studio pour jouer sur ses nouvelles compositions.
Nick Sanborn (Sylvan Esso) a produit Henry St., auquel ont participé Ryan Gustafson (The Dead Tongues) à la guitare, au lap steel et au ukulélé, TJ Maiani à la batterie, CJ Camerieri (Bon Iver) à la trompette et au cor, Phil Cook au piano et à l'orgue, Rob Moose (Bon Iver, yMusic) aux cordes et Adam Schatz au saxophone. « Ils ont tout ouvert et ont compris ce dont les chansons que j'avais écrites avaient besoin : des sons que je n'aurais jamais pu imaginer ou créer moi-même. Nous avons enregistré une grande partie des chansons en direct dans le studio, en jouant, en nous amusant et en étant vraiment ouverts les uns aux autres. »
Le thème principal de Henry St., dit-il, est « comment être une personne dans ce monde ». La chanson-titre parle de cette tromperie : « En tant qu'individus, on nous dit que nous devons rechercher le succès. Mais lorsque nous l'avons, il ne résout rien. La chanson parle de prendre du recul et de se demander : pourquoi est-ce que je fais ça ? » En écrivant la chanson de retour en Suède, il savait qu'elle serait la pièce maîtresse de l'album. « C'est le point où je suis au plus bas et le revirement de situation : les autres chansons sont un rappel que je serai toujours un optimiste obstiné, même dans les moments les plus sombres. » Il était sur le point d'enregistrer le morceau en solo, jusqu'à ce que Phil Cook débarque lors de son premier jour en studio. « J'avais Phil pour ainsi dire pendu à mes épaules au piano pendant que nous jouions, puis il l'a enregistré. Il a improvisé cette magnifique outro. Quand il l'a fait, on était bouche bée, j'étais en larmes. »
"Looking for Love" est l'une de ces chansons sur l'optimisme obstiné de Matsson, et un exemple brillant de l'influence de Sanborn sur l'album. « Le premier jour en studio, Nick a créé ce sifflement pendant que je faisais du feedback à la guitare électrique. On s'est beaucoup amusé à jouer comme ça. Puis Nick a posé du piano en superposition de ma guitare, et nous savions que nous avions la chanson. » Le ton de leur collaboration était donné. « Nick est si émotionnellement intelligent, et nous partageons une joie presque enfantine dans les choses qui peuvent se produire avec la musique. Il rend les chansons vraiment vivantes en gardant les performances et l'humanité dedans - le genre de choses qui arrivent simplement pendant la session. »
La chanson "Every Little Heart", dit-il, est venue d'un sentiment d'intrépidité, d'une confiance dans le fait de faire de la musique après deux ans de silence relatif. « Mais bien sûr, j'ai toujours des petits démons en moi. J'ai écrit des changements de tonalité dans la chanson qui me semblaient naturels, mais je craignais qu'ils ne le soient pas pour les autres. » Quand TJ Maiani l'a entendue, il s'est tout de suite lancé dans ce rythme de batterie qui m'a un peu choqué au début, mais qui lui était complètement naturel. Cela correspondait parfaitement à la chanson.
Le désir de Matsson d'avoir des échanges sociaux, après des mois passés uniquement avec ses récoltes, a conduit à la collaboration qui a donné naissance au son chaleureux, unique et tentaculaire de Henry St. « C'est l'album le plus ludique, le plus personnel que j'ai fait jusqu'à présent, parce qu'il couvre tellement de sons différents que j’ai en tête. Quand tu réfléchis trop, tu t'éloignes de tes idées originales. Et Dieu sait que je réfléchis trop quand je suis seul. » Ce temps d'isolement lui a également apporté une nouvelle tranquillité d'esprit. « Le fait d'avoir été éloigné de tout m'a appris que faire de la musique et me produire sur scène est ce que je vais faire pour le reste de ma vie, et j'en suis très reconnaissant. Cela m'a donné une nouvelle confiance en moi et une certaine légèreté. Je suis musicien, inconditionnellement. »