Au début, la question était : Qui est Miike Snow ? C’était une question légitime, en particulier quand le groupe est arrivé de façon mystérieuse en 2007. Formé par les musiciens suédois Christian Karlsson et Pontus Winnberg et par le songwriter américain Andrew Wyatt, Miike Snow a débuté plutôt comme une idée que comme un groupe. C’était une expérience : était-il possible de créer de la musique pop de gauche qui combinait des compositions claires et rares et une production mainstream, puissante et accrocheuse ? Le pari a largement payé lorsque Miike Snow ont révélé leur album éponyme en 2009, émergeant dans un paysage musical pour occuper un espace qui était vide jusque-là. L’approche de la musique éclectique et inspirée du groupe a transformé la scène musicale, d’autres artistes suivant les traces de leur approche innovante. En 2012, Happy To You, le deuxième album du groupe, a étendu leurs possibilités expérimentales et les a envoyé jouer à travers toute la planète.
Maintenant, la question est : où était passé Miike Snow ? La réponse est compliquée. Faire un troisième album n’était pas forcément inévitable pour le groupe. Chaque musicien, vivant désormais dans différents endroits du monde, poursuivait ses propres projets. Wyatt, basé à New York et Los Angeles, a écrit et produit des chansons avec Bruno Mars, Mark Ronson et Flume. Il a sorti un album solo appelé Descender et a créé de la musique pour un ballet au Royal Opera House à Londres. Karlsson, basé entre Bangkok et Los Angeles, a lancé un nouveau groupe appelé Galantis dont le premier album Pharmacy a été premier dans les charts Top Dance/Electronic tandis que Winnberg, resté en Suède, s’est concentré sur la maison de disques INGRID et a continué son autre groupe Amason. Le désir de retourner à Miike Snow est devenu indéniable après s’être réunis à Los Angeles pour quelques jours fin 2014, où ils ont écrit de façon fluide cinq des onze chansons de leur nouvel album iii.
Cet album n’a pas été façonné d’un seul coup. Les musiciens ont collaboré à travers le temps et l’espace, se rencontrant à Stockholm, Los Angeles et New York pour de courtes périodes pendant près de deux ans. Ils ont amenés d’autres musiciens et producteurs avec eux en studio, se sentant cette fois-ci plus ouverts à des collaborations extérieures.
« Heart Is Full », un brillant titre indie plein d’entrain teinté d’une production hip-hop, a été comme un point de départ central. La chanson vient spécifiquement de la sensibilité musicale de Karlsson. « Le son qu’a cette chanson vient directement de là d’où je viens et de ce que je considère toujours comme ma bible, » remarque t’il. « Je suis tellement excité que ceci fasse maintenant partie de l’histoire de Miike Snow ». Le titre phare du disque, « Genghis Khan », est un morceau pop propulsif avec un côté blues, une esthétique que Wyatt voulait explorer un peu plus avec Miike Snow. « Travailler avec Mark Ronson m’a poussé à embrasser un peu plus ce côté qui est ce par quoi j’ai commencé dans la musique », dit Wyatt.
Comme un tout, l’album apparait résolument comme un projet de Miike Snow, défini à la fois par les deux albums précédents et par le travail collectif des trois musiciens. Ce qui a commencé comme une idée, une expérience, est maintenant un groupe à part entière, qui compte déjà trois albums dans sa carrière. Ces huit dernières années, leur sensibilité innovante a laissé un impact durable sur l’état de la musique et à changer la façon dont les autres artistes approchent la musique pop. C’est aussi un exemple de ce qui peut arriver quand trois artistes très différents se réunissent sans avoir d’attentes mais avec beaucoup de confiance. Avec iii, « c’est comme si on avait fait une petite excursion avec le deuxième album et que maintenant on est de retour là où on était pour le premier album. » dit Winnberg. « C’est le son originel de Miike Snow, mais amené au niveau supérieur. »